Scrum change l’entreprise !

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Lorsque je délivre une formation Professional Scrum Master ou que j’aide mes clients à créer des produits géniaux avec Scrum, on me demande comment adapter (rétrograder) Scrum pour le faire fonctionner dans leurs entreprises.

Ma réponse est toujours la même: Scrum change l’entreprise ! Laissez-moi vous expliquer pourquoi ce n’est pas le contraire.

1 – Les hiérarchies ont été prouvées utiles pour le travail répétitif. Le Génie Collectif est nécessaire pour résoudre des problèmes complexes et apporter de la valeur; il est obtenu grâce à des réseaux intelligents d’équipes auto-organisées et pluridisciplinaires, reliées entre elles par des valeurs et des responsabilités.

Arrêtez de contrôler les personnes, commencez à contrôler la valeur délivrée!

2 – Les cadres intermédiaires, ou d’autres postes de management peuvent grandement contribuer au changement. Toutes ces personnes ont l’opportunité de faire la transition vers l’un des trois rôles proposés par Scrum : Product Owner pour ceux qui aiment le développement de produits, rejoindre l’Equipe de Développement pour les plus « techniques » (développement, marketing, vente, sécurité, qualité, etc. .) et enfin Scrum Master pour ceux qui aiment former, enseigner et aider les individus à comprendre et à mettre en œuvre le cadre Scrum tel que décrit dans le Guide Scrum.

3 – Passer du temps à trouver comment réduire les risques, prédire les résultats futurs, comment contrôler les gens ne crée pas de la valeur. Au lieu de faire des plans, commencez à crée votre premier incrément, à inspecter et à adapter pour améliorer la prévisibilité et réduire les risques. Scrum c’est de l’action utile… pour délivrer de la valeur.

Scrum est un cadre simple pour livrer des produits complexes. Il aide les organisations dans leur transformation, pas le contraire.

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Changer Scrum ne vous aidera pas à : réagir rapidement aux changements du marché, réduire votre temps de mise sur le marché, augmenter l’efficacité de votre entreprise, avoir des employés plus sains et plus heureux et, en fin de compte, gagner des parts de marché !

Nous avons tous un rôle à jouer, oublions les hiérarchies et pensons que vous pouvez contribuer à la création de valeur pour vos clients grâce à vos produits.

Comme le co-créateur de Scrum, Ken Schwaber, a écrit sur son blog: « Scrum est comme les échecs. Vous pouvez jouer selon les règles, ou pas. Scrum et les échecs n’échouent pas et ne réussissent pas. Ils sont joués ou non. « 

Profitez de Scrum!

S’adapter et évoluer vers Scrum

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L’être humain, à travers les siècles, a réussi à s’adapter à beaucoup de situations et évoluer pour devenir ce que nous sommes aujourd’hui. L’histoire montre que nous avons une capacité innée de s’adapter et évoluer.

Scrum

Cela reste valable dans le cadre d’un changement en entreprise, comme l’adoption de Scrum.

Par le passé, j’ai pu remarquer que les changements réussis concernant l’adoption de Scrum ont suivi les trois principes suivants. Cela ne veut pas dire que ces principes sont universellement applicables.

Donner un sens au changement

Pourquoi faut-il changer ? Aujourd’hui je suis souvent appelé par des organisations qui n’arrivent plus à concurrencer les start-ups et perdent des parts de marché. Pour la plupart de mes clients, la mise sur le marché de nouveaux produits prend souvent des mois ou des années. Ils doivent évoluer pour rester compétitifs dans ce monde complexe et changeant. Adopter Scrum est un bon moyen de réduire les délais de mise sur le marché.

Connaître les règles du jeu (le cadre Scrum)

Comment travailler différemment ? Une fois convaincus et motivés par le changement, ou plus souvent pour s’en convaincre, il est nécessaire d’apprendre les règles du jeu. Pour cela, Scrum a des règles très simples et une formation est une excellente opportunité pour consolider son expérience ou apprendre à mettre en pratique Scrum. Mon expérience en formation, me permet aujourd’hui d’affirmer que nous devons réapprendre à collaborer (à tous les niveaux) et que la différence entre un changement rapide et un plus lent réside dans notre capacité à ne plus contrôler les personnes mais les résultats fournis par une équipe.

Jouer !

A ce stade il ne reste plus qu’a pratiquer, en gardant l’esprit ouvert, en étant conscients qu’il est peu probable (impossible ?) d’être parfaits du premier coup et que, parfois, il faudra aller relire la notice du jeu, ou demander l’aide de quelqu’un qui a déjà joué par le Scrumpassé. Finalement, pensez à la première fois que vous avez joué à votre jeu de société préféré, c’est la même chose ! Jouer à Scrum, surtout les premières fois, n’est pas facile : engagement, courage, ouverture, attention et respect sont les Valeurs Scrum qui vous permettrons d’inspecter votre manière de jouer et l’adapter pour jouer toujours mieux, comme des pro !

Conclusions

J’ai pu constater que ces trois principes ont permis, dans certains contextes, de réussir la transition vers une utilisation de Scrum. J’ai aussi observé le contraire, ce qui n’a pas fonctionné et fait revenir les équipes aux anciens reflexes.

Je suis convaincu que, dans un premier temps, il faut se forcer à s’adapter au changement en appliquant les règles du jeu. Avec le temps, grâce à la répétition des mêmes « gestes » vous évoluerez vers une adoption de Scrum qui ne sera que la première étape d’un parcours qui vous permettra de délivrer des produits de qualité dans un contexte complexe, tel qu’il est notre monde aujourd’hui !

J’adore jouer à Scrum en respectant les règles du Scrum Guide et vous ?

Cavani – Neymar, penalty gate, un normal problème d’équipe ?

Je n’ai jamais été fan de football. Maintenant que mon fils, huit ans, est très intéressé par ce sport, je m’applique un peu plus 🙂

Son équipe favorite est le PSG et Neymar son idole… un match récent de cette équipe a attiré mon attention, c’était le 17 septembre dernier.

Lors de la rencontre PSG – Lyon, les Parisiens mènent 1 à 0. À la 80e minute, l’arbitre siffle un pénalty en faveur du PSG. Cavani prend le ballon et se dirige vers les 11 mètres, il se prépare à tirer. Neymar demande à l’Uruguayen de tirer le penalty, une discussion suit. Cavani ne cède pas, tire et ne marquera pas. Le PSG gagnera quand même le match, avec un score de 2 à 0.

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Dans les jours qui suivent, plus d’informations sur l’épisode sont publiées, et cela devient de plus en plus intéressant (de mon point de vue évidemment :-)). Des problèmes dans l’équipe, comme nous le vivons souvent dans nos projets, ont été mis en lumière devant les caméras.

Je rappelle certains faits pour les moins mordus de foot, comme moi:

  1. Neymar a rejoint l’équipe du PSG depuis peu, avec le salaire le plus élevé de tous les joueurs, 36,8 millions d’euros par an
  2. Neymar est accueilli à Paris comme une star, avec écho international pour le PSG
  3. Six brésiliens font partie de l’équipe du PSG
  4. Cavani joue pour le PSG depuis quatre ans, meilleur buteur de ligue 1 l’année dernière; il est l’homme habituellement chargé de tirer les penalties et coups francs au PSG
  5. Le contrat de Cavani stipule qu’il a le droit à un bonus de 1 million d’euros si, à la fin de l’année, il est le meilleur tireur de Ligue 1

Analysons ces faits, en trois points.

1 – Arrivée d’un nouveau membre dans l’équipe

Chaque fois qu’une personne rejoint ou quitte une équipe, il y a un impact (plus ou moins conséquent) sur la performance globale. Plus l’équipe est soudée et performante, moins l’impact sera élevé. Pensez à l’arrivée d’un bébé dans une famille !

Si nous analysons les cinq étapes de développement d’un groupe de Tuckman [1], il semble que l’équipe du PSG soit revenue à une phase de « storming » après l’arrivée de Neymar.

Dans la phase de « storming » « … les équipiers formulent des opinions sur le caractère et l’intégrité des autres équipiers et se sentent obligés d’exprimer ces opinions s’ils trouvent que quelqu’un se soustraite à ses responsabilités ou tente de dominer. Parfois, les participants interrogent les actions ou la décision du leader alors que la tâche devient plus dure … « [1]

Pour passer à l’étape suivante, le « norming » « les désaccords et les affrontements de personnalité doivent être résolus avant que l’équipe ne puisse progresser à partir de cette étape, et donc certaines équipes ne peuvent jamais émerger du « storming« [1]

Cavani sent sans doute sa leadership d’attaquant en danger, il a aussi besoin de reconnaissance pour le travail fait ces quatre dernières années. C’est tout à fait normal et humain dans une pareille situation… combien de fois cela nous est arrivé au travail ?

Quelle leçon pouvons-nous tirer de cet épisode ? L’établissement de règles claires au sein de l’équipe peut réduire ou éviter des conflits au cours du projet (ou d’un match dans ce cas). Il est donc important (et pas une perte de temps) que l’équipe prenne le temps de réfléchir et proposer des règles que tout le monde s’engage à respecter (star ou pas).

2 – Création de clans dans l’équipe

En observant les images du match, nous pouvons assister à un épisode qui s’est produit avant le penalty. Lors d’un coup franc Dani Alves récupère la balle pour la donner à Neymar, malgré les protestations de Cavani. Cet évènement pourrait en fait être le vrai déclencheur du penalty gate. Il semblerait que le « clan des brésiliens » soit assez fort au PSG.

La création de clans au sein d’une équipe, par exemple métier / IT, architectes / développeurs, etc…, a un impact négatif sur la réalisation des objectifs d’un projet. Les clans œuvrent à la satisfaction de leurs objectifs plutôt qu’à ceux de l’équipe, du projet et de l’entreprise.

Pour éviter des tels comportements, les étapes de recrutement et choix des membres d’une équipe doivent être menée avec attention. Dans la plupart des entreprises cette tâche est opérée par le management, souvent le chef de projet se retrouve déployé dans une équipe qui a été précédemment constituée. Elle/il peut ensuite demander des renforts ou des remplacements si besoin est (nous sommes dans le cas du PSG, qui en plus obéit à des logiques commerciales).

Depuis quelque année, une manière différente d’organiser les équipes a été utilisée avec succès, avec la prise de conscience que les personnes qui doivent effectuer le travail sont les plus compétentes pour s’auto organiser en équipes en s’autogérer. C’est le cas de Spotify, qui a prouvé être un moyen efficace pour créer des équipes performantes.

Bien évidemment, les contraintes organisationnelles et environnementales de l’entreprise font si qu’un choix est plus adapté que l’autre. Dans tous les cas, équilibrer la composition des équipes est très important pour en garantir l’efficacité et prévenir la formation de clans et donc de conflits.

3 – Les primes individuelles

Le contrat de Cavani stipule qu’il a droit à une prime d’1 million d’euros s’il est le meilleur tireur de Ligue 1 en fin de saison. Cet objectif personnel est-il en harmonie avec l’objectif global de remporter le championnat de la Ligue 1 ? Ou est-ce que cela est plus une cause de problèmes parmi les attaquants ce qui affecte l’objectif global de l’équipe ?

Après cet épisode, les dirigeants du PSG auraient proposé à Cavani le déblocage immédiat du bonus… sous condition qu’il laisse tirer les penalties à Neymar… Cavani a refusé, il ne veut pas perdre le statut gagné en quatre ans de dur travail… compréhensible non ?

Les objectifs personnels sont souvent cause de problèmes au sein des équipes, pour bien des raisons : le déséquilibre entre les membres de l’équipe qui reçoivent la prime et ceux qui ne la perçoivent pas mène à des situations de démotivation, désengagement, perte de créativité et de productivité. Rétablir une situation normale prends du temps. Encore plus grave, parfois les objectifs personnels sont en contradiction avec l’objectif du projet, situation très délicate à gérer pour l’équipe.

En conclusion, tous les membres d’une équipe, travaillant à la réalisation d’un même objectif, devraient être primés (ou pas) selon des critères globaux et pas personnels.

Quand cela n’est pas possible, le partage transparent des objectifs de chacun est primordial pour pouvoir s’organiser sereinement et permettre à tous (projet et individus) d’atteindre leurs objectifs.

La fin de l’histoire

Nous pouvons donc en conclure que recentrer le problème au tour d’une vision et d’un objectif commun, le dialogue, l’échange constructif et les accords pris entre les parties en conflits sont un moyen très efficace de résolution des problèmes.

Cela permet à l’équipe de transitionner vers la phase de « norming » : “Les désaccords résolus et les affrontements de personnalité entraînent une plus grande intimité et un esprit de coopération émerge…  » et, en suite de « performance” : “Avec les normes et les rôles de groupe établis, les membres du groupe se concentrent sur la réalisation d’objectifs communs, atteignant souvent un niveau de réussite inespérément élevé.” [1].

Cela se produit déjà, les joueurs du PSG, Neymar, Cavani et Alves se sont rencontrés, ont discuté et ont trouvé un accord pour l’avenir.

Il me semble que la cause de cette situation difficile au sein de l’équipe a été un transfert fait dans la précipitation, imposé à l’équipe et à l’entraineur (surement par des logiques commerciales et d’image du club) qui n’a pas eu le temps de se préparer (et de préparer l’équipe) et a causé une crise majeure entre joueurs… franchement, combien de fois cela nous est arrivé ?